La génération dorée du Barça

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Le vent chaud filtrait au travers des volets cassés du mas familial des Belmontes. Sarah ne dormait pas ce soir. La moiteur de l’été n’en était pas l’origine. Le téléviseur adossé au mur en pierres était prêt à émettre. Le bruit caractéristique de la mise en marche fit place aux couleurs bleues et grenats de l’écran. Le FC Barcelone s’apprêtait à livrer un autre récital et il ne fallait rien en manquer.

« Xavi pour Iniesta, Iniesta qui se retourne et provoque… Oh le double contact ! Il trouve Messi et c’est le Buuuut! »

L’alegresse des Belmontes, sourires aux oreilles et bras dans les bras portait un nom : La Masía. Le club culé était en train de connaître ses plus belles années et le jeu léché tirait sa source de la méthodologie du centre de formation.
Comme le vin a ses crues, le football de la Masía enivre les cœurs un peu plus certaines années. L’année 1987 était particulièrement généreuse.

1987 : La fabuleuse

Gérard Piqué et Cesc Fábregas intègrent d’abord le club en 1997, puis nul autre que Léo Messi, trois ans plus tard. Une génération qui fit des ravages et notamment en Cadet (U15/U16) pour exploser enfin, des années plus tard, après le retour de Cesc et Gérard. La suite est connue et le parfum des triomphes est encore volatile.

2007 : La renaissance

Moins de deux décennies ont passé et l’histoire est sur le point de se répéter. Par Lamine d’abord, un jeune garçon aux triple origines, si précoce qu’il débute en équipe première du Barça à 15 ans. Pau ne se fera pas attendre et truste déjà les albums panini des enfants. Marc enfin, en trois matchs à peine, conquiert les cœurs azulgranas. Le sablier du temps néanmoins s’est emballé et s’est fissuré, Marc est blessé. Un temps d’attente qui nous offre la possibilité de vous conter l’histoire des prodiges connues déjà et de ceux peut-être à venir. 

Marc Bernal, l’enfant de Berga

Marc Bernal, né le 26 mai 2007 à Berga (nord de la province de Barcelone), débute à 4 ans au CE Berga. À 6 ans, Marc intégre le Gimnastic Manresa à la demande de Pol Combellé (aujourd’hui entraîneur en Benjamin A du Barça). Marc a déjà un physique plus imposant que la moyenne et sera surclassé en pre-benjamin. Son père Toni Bernal est alors entraîneur des jeunes et fait de Marc et de son frère Toni ses assistants. Marc remplit les gourdes et apprend beaucoup footbalistiquement.

L’année 2013 sera décisive pour le jeune catalan. Quelques semaines après le début de la saison avec Manresa, le Barça vient déjà toquer à sa porte. Marc Serra, coordinateur du football à 7 à la Masía demande au Gim de lui faire faire un essai. Marc fait alors quelques matchs et entraînements et convainc rapidement les observateurs. C’est décidé, il sera un joueur du Barça la saison suivante. Il finit la saison au Gim, aux côtés d’un certain Quim Junyent.

Son rêve commence ainsi à l’été 2014, en pre-benjamin avec David Sanchez, actuel entraîneur des Cadets B du Barça. Marc ne le sait pas encore mais il vient de rejoindre une génération qui se révélera être dorée. Un certain Lamine Yamal foule déjà la même pelouse tout comme David Saez, un autre talent.

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Le Barça a recruté Marc pour son physique supérieur à la moyenne mais aussi sa vision de jeu et son pied gauche décisif. Des buts il en marquera : 58 buts lors de la première saison (25 pour Lamine) et des statistiques toujours très hautes les années suivantes (280 buts en 286 matchs à la Masía). Marc Bernal joue milieu de terrain mais son avantage physique et sa frappe de balle font la différence.

Le jeune masian franchit les catégories et remporte notamment la Liga Promises (le plus grand tournoi U12) à l’été 2019, en compagnie de Lamine mais aussi de Pau Cubarsi. Xavi Castellanos, Landry Farré, Nouhoun Sylla ou encore Shane Kluivert se sont également illustrés.

Marc continue sa progression et se forme parfaitement au jeu de position cher au Barça. Marc apprend à se placer et joue intelligemment, donne rapidement, simplement.

L’été dernier, Marc termine son étape avec les Cadets (U15, U16) et s’apprête à démarrer celle des Juveniles (U18, U19). Une étape qu’il franchira d’un pas, le faisant passer directement au Barça Atlétic alors entraîné par Rafa Marquez. C’est la sensation et Bernal devient vite titulaire dans l’équipe filiale. Rafa Marquez l’utilise plutôt en relayeur dans un 433, le faisant passer en double pivot lorsque l’équipe passe en 343. Un double pivot partagé avec Marc Casadó. Marc fait aussi quelques matchs en pivot seul (jouer seul devant la défense). Il jouera aussi quelques matchs à ce poste avec la sélection Espagnole U17. Quelques pas hésitants mais le potentiel est là.

Au Barça Marc fait partie des élus et bien que les suiveurs le savaient déjà, son irruption en équipe première n’en fut pas moins brutale. Hansi Flick le suivait déjà depuis plusieurs mois et confie rapidement la première relance au jeune homme de Berga. Des performances si convaincantes que Bernal ne sortira plus du onze de départ, jouant tout les matchs, jusqu’à ce fameux soir. Marc livrait sa dernière partition, que d’aucuns appellerons récital, mais la nuit était appelée à se couvrir d’amertume et Bernal posera le genou au sol. Rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche et une blessure associée au ménisque externe. Le glas est sonné et le coup est sans appel. Saison terminée. La famille, les amis, les fans et le club le soutiennent. Le Barça souhaite, en signe de confiance, étendre son contrat de trois ans supplémentaires jusqu’en 2029. D’autres pages sont encore à remplir d’une encre dorée.

Pau Cubarsí, l’étoffe des grands

Si Lamine Yamal est l’étendard de la « golden gen » Pau Cubarsi en est le pilier.

Né le 22 janvier 2007 à Estaniol, Pau arrive au Barça à l’été 2018 en provenance de Girona.

Les observateurs du Barça avaient détecté un joueur différent :  

« En plus de ses qualités techniques, nous avons été convaincus par le sérieux et la sécurité de Pau et une capacité exceptionnelle à défendre »  

(Jordi Roura, directeur de la masia à l’époque).

Roura était aussi « convaincu qu’il aurait une grande carrière au club ».

Les entraîneurs de la Masia nous avaient averti dès le premier jour que Pau était un défenseur pur.

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« Nous n’avons jamais songé à le changer de poste, parce qu’il s’agissait d’un spécialiste, d’un animal qui défend »
(Albert Puig, son premier entraîneur en football à 11).

Albert Puig a été surpris par son haut niveau de concentration, le fait qu’il ne soit jamais perdu, toujours attentif et qu’il gagne tout ses duels » Ces qualités défensives s’acquièrent en général avec les années toujours selon l’entraineur catalan.

Chez Pau c’est « un talent défensif innée » auquel il faut aussi ajouter « une grande envie de continuer à apprendre. «J’ai rarement vu quelqu’un de si réceptif et ouvert à progresser » rajoute t-il.  
Pau poursuit ensuite sa frénétique ascension avec David Sánchez et Pol Planas.

Ses qualités défensives continuaient à sauter au yeux en Infantil A et Cadet B mais il lui restait une marge de progression dans son apport offensif. Pau a aussi progressé dans ce domaine offensif, a démontré sa capacité à conduire le ballon avec courage et sa prise de décision pour relancer était notable.
Sa précision de passe s’est aussi améliorée, surtout pour les grandes passes filtrées en diagonal. Son envie d’apprendre était telle qu’il réclamait plus de vidéos personnalisées au staff technique pour augmenter son rendement.

Après quatre années passés à la masia, les directeurs de la masia José Ramón Alexanco et Toni Hernández choisirent de le faire passer des Cadets B aux Juveniles B, ce qui représente le saut d’une catégorie (Cadet A).

« Il m’a convaincu dès le premier jour. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un défenseur aussi complet et professionnel. Ce qui m’a le plus convaincu chez lui, en plus de ses qualités humaines c’est sa capacité à s’adapter à un contexte complexe.»
(Iban Cuadrado, son dernier entraîneur en Juvenil B et ex défenseur central).

Ses entraîneurs à la masia disaient il y a un an déjà que Pau Cubarsí est une réussite du club et que l’ont est face à un joueur avec des conditions uniques pour diriger la défense centrale du futur au Barça.  

Pau convainc ensuite rapidement Rafa Marquez qui le place en titulaire indiscutable aux côtés de Mikayil Faye. Une expérience courte dans l’équipe filiale car Xavi toque déjà à sa porte.

La suite est connue, fin 2023, Pau a 16 ans et devient le quatrième défenseur central du club. Des débuts si tonitruants qu’il devient rapidement titulaire et remporte le trophée d’homme du match lors de son premier match de Ligue des Champions face à Naples. Pau remporte cet été les jeux olympiques (aux côtés de Fermín López et Éric Garcia) et poursuit sa route glorieuse au Barça.

Lamine Yamal, la merveille des merveilles

Qui déambule dans les rues de Barcelone un soir de match verra un nom se répéter dans le dos des supporters : Lamine Yamal. Une star déjà internationale après son Euro victorieux avec l’Espagne. Le souffle est coupée aux fans du monde entier et des reins traînent ci et là, témoins du passage du prodige.  

Né en Catalogne à Esplugues de Llobregat le 13 juillet 2017, Lamine Yamal est riche de plusieurs origines. Son père est Marocain et sa mère est équato-guinéenne.

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Lamine pose le pied à la Ciutat Esportiva Johan Gamper (centre d’entraînement du Barça) à 7 ans et débute en équipe première à 15 ans seulement. Une étoile filante dans le ciel de Barcelone, destinée à briller depuis bien longtemps.

Alternant la position de 9 et d’ailier lors de sa formation, Lamine sort rapidement de l’ordinaire par son toucher de balle, son instinct et sa capacité à surprendre par une créativité technique et intelligence de jeu.
Le jeune garçon semble glisser sur l’eau et abandonnera rapidement les coéquipiers de son année pour remonter le temps et sauter jusqu’à trois catégories.

Lamine doit aussi choisir sa sélection nationale et l’élue est l’Espagne. Attaché à sa terre de naissance, Lamine pousse sa loyauté jusqu’à sa célébration de buts qu’il dédie à son quartier d’enfance de Rocafonda à Mataró (code postale 08304) avec le signe 304. La nouvelle star du Barça n’en oublie pas moins ses origines et arbore fièrement les trois drapeaux sur ses crampons.

L’aube qui vient

Si la peinture de la gold gen est déjà spectaculaire, le tableau n’est pas encore complet. D’autres noms seront peut-être écrits en gras dans les journaux et criés par les fans.

Le prochain de la liste pourrait être Andrés Cuenca. Ami de Pau Cubarsi et compagnon de défense depuis les Infantiles B (U13), Andrés est un gaucher qui a déjà été convoqué par Hansi Flick. Il promet par sa relance et une vision de jeu exceptionnelle.

Quim Junyent aussi est un 2007, tout comme Landry Farré.

Le premier était en pré-saison avec l’équipe première et s’il est un relayeur pur, doit s’adapter depuis peu au rôle d’ailier. Sa prise d’information, sa lecture du jeu digne des maîtres d’échec et sa technique fine peuvent faire de lui un grand footballeur.

Landry Farré quant à lui est un défenseur complet. D’abord latéral, position de laquelle il faisait de grandes différences en football à 7. Le joueur né en Côte d’Ivoire joue depuis peu aussi de plus en plus en défense centrale avec le Barça Atlètic. Excellent dans les duels et les couvertures de balle, Landry se montre aussi calme dans les relances.

De l’Estadi Johan Cruyff au Camp Nou il n’y a qu’un pas, que certains ne franchiront pas. Les rêves la nuit sont pourtant les fragments de l’espoir, comme des étoiles alignées que l’ont observe le soir.

Sarah Belmontes tira la persienne et mère à présent, veillait sur son fils, ô merveille. L’antique génération dorée aussi peut se reposer, la golden gen est prête à régner.

Bibliographie :

• Messi, Piqué, Fabregas… Quand les cadets A du Barça écrasaient tout sur leur passage | Eurosport
• Quién es Marc Bernal, la perla del Barça que debutará con el Barça contra el Valencia | Jordi Cardero – Relevo
• Los detalles desconocidos del fichaje de Marc Bernal | Jaume Marcet – Sport
• Marc Bernal, el ‘fichaje’ del Barça criado entre balones |Gabriel Sans – Mundo Deportivo
• 280 goles en 286 partidos: Bernal y sus increíbles cifras en La Masia | Jaume Marcet – Sport
• Gesto del Barça con Marc Bernal: le renovará por tres años más|Toni Juanmarti – Sport
• Pau Cubarsí, el defensa-defensa | Jaume Marcet – Sport

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